Et si on s'était complètement trompé par rapport à la guérison?
Et si ça n'arrivait pas en restant assise sur un divan, en parlant à un inconnu avec un diplôme de nos blessures et traumas les plus profonds.
Et si ça n'arrivait pas lors d'une retraite de Breathwork sur une île tropicale, à respirer bruyamment, à crier et à pleurer?
Et si ça n'arrivait pas comme ils disent que ça arrive?
Et si, à la place, la clé de la guérison, c'était de vivre?
Au cours des deux dernières années, j'ai eu des conversations avec des milliers d'inconnus, et tu sais ce que je vois le plus souvent? Des gens qui sont constamment en processus de guérison de toutes sortes de blessures et traumas, certains qui datent de plusieurs générations...
Mais ce que je ne vois pas beaucoup, c'est des gens qui vivent vraiment.
Pour moi, les traumatismes sont les plus grands voleurs de vie. Ils viennent et nous dérobent une part de notre essence vitale. Ils laissent une plaie ouverte, un trou béant. Cette blessure est la preuve d'un instant où la vie nous a été arrachée.
Et on continue à regarder la plaie, et plus on la regarde, plus on voit le vide, le néant, le fossé où la vie aurait dû être.
On applique des pomades et des pansements, encore et encore, en essayant désespérément de refermer ce fichu trou. Mais ça ne marche pas. Pourquoi?
On essaie de guérir la blessure, mais le trou béant où la vie aurait dû être reste grand ouvert.
De temps en temps, une fine couche de peau se forme. Un mince filet d'espoir qui nous fait croire que la blessure est partie. Mais cette nouvelle couche de peau est si fine, si fragile... ça ne prend pas grand-chose pour la déchirer.
Et quand le trou se réouvre, la douleur frappe à nouveau. On est rapide à réappliquer la même pommade et les pansements pour essayer de le refermer. De temps en temps, on cherche une autre marque de pommade, pensant que celle d'avant n'a pas fonctionné pour une raison quelconque.
Mais en-dessous, le trou continue de vivre, écœuré de la pommade et assoiffé de la vie que nous ne lui donnons jamais.
Parce que le plus grand traumatisme, la plus grande blessure, c'est l'espace que la vie que nous désirons profondément vivre et que nous n'avons jamais nous laisse.
Et aucune quantité de pommade ou de pansement ne pourra jamais combler ce vide.
Génération après génération, on continue de rassembler et d'accumuler les trous.
Et si la clé de la guérison était de finalement leur donner ce qu'ils désirent vraiment?
La vie?
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